lundi 6 avril 2015

Ma première course à obstacles (partie III) – les éléments

Après une montée qui a duré ce qui a semblé des heures, nous amorçons la descente.

On saute par-dessus les balles de foin, Marlène dit que ça lui rappelle son enfance, et soudain on entend :

LES FIIIIIIIIIIILLES!!!!

C'est Isabelle!

« J'ai piqué dans la bois pis je m'en fous!!! J'ai entendu vos voix pis je voulais pas continuer sans vous! Je pense qu'Annie a abandonné, les filles... ».

Impossible. Dans mon esprit, c'est im-pos-sible qu'Annie ait abandonné. Annie, la directrice d'école, le pilier, la femme de marbre. Je ne crois pas une seconde qu'elle ait pu abandonner.

« Non, mais les filles, vous étiez pas là quand elle m'a dit de pas l'attendre. Elle avait vraiment l'air découragée, je l'ai jamais vue de même... »

Isabelle sème le doute dans nos esprits. On court, ça descend, ce parcours est interminable. J'ai des crampes dans le ventre... et j'ai faim.

Et là, un nœud dans le ventre.

« Oh my GOOOOOD!!! »

Le feu.

Je savais bien qu'il y aurait un feu, mais je pensais pas que ce serait un brasier de quatre pieds de hauteur par quatre pieds de largeur! La braise... moi qui croyais que cette épreuve serait facile... mais là, non.

J’ai peur, je tremble, je me mets à pleurer, je suis terrorisée. Après avoir observé la chose une minute ou deux, mes amies franchissent le feu une à une, d’abord Marilyn à la vitesse de l’éclair.

Moi je reste plantée là et je pleure… 

« Vas-y!!! ça brûle pas!!! »

Ben oui. Voir que ça brûle pas! Si je trébuche dans la braise, ça va pas pas brûler!

Je finis par me convaincre que c'est comme passer son doigt dans la flamme d'une chandelle, sauf que là, c'est passer le corps dans un bûcher. Toutes mes amies l'ont fait. Je me lance...




...et l’orage éclate.

J’ai une peur bleue des orages.

La prochaine épreuve est une structure EN MÉTAL!!! NO WAY! Je fais pas ça!

Le gars dit « si t’essaye pis que tu tombes, c’est 10 burpees. Si tu passes à côté, c’est 30 »… et moi je décide de ne même pas essayer, pis je fais mes 30 burpees en pleurant dans l’orage… SOUS PLEIN D'ARBRES! J'en fais deux ou trois à la fois. Je tremble et je pleure. C'est pathétique. Surtout que je suis à un obstacle de la ligne d'arrivée : je peux la voir!

En reprenant mes esprits, et avec comme seul désir qu'on en finisse, je me dirige avec Isabelle vers le dernier obstacle. C'est un mur glissant en haut duquel il faut s'asseoir, agripper une corde, et descendre.

On est assises en haut et on tremble toutes les deux. Isabelle me regarde et me dit qu'elle a peur, je luis dis que moi aussi...

1-2-3 GO

On se tient debout immobiles, à deux mètres de la ligne d'arrivée, comme stupéfaites de l'avoir fait. Puis on se prend la main et on franchit la ligne d'arrivée.


***

Annie n'a pas récupéré son sac : elle encore dans la montagne. 

Il pleut des cordes. Nous sommes transies de froid. C'est quand même juste le 24 mai.

Nous mangeons nos collations, les dents qui claquent, il n'y a pas beaucoup d'endroits où on peut se mettre à l'abri de la pluie.

Marlène va à l'infirmerie faire bander sa plaie.

Une heure passe.

Isabelle a l'idée de génie d'aller nous chercher des cafés pour nous réchauffer.

Au retour de Marlène, on décide d'aller attendre Annie à la hauteur du feu... ça va nous réchauffer.

Mais on n'a pas le temps de s'y rendre.

Marilyn l'aperçoit

ANNNIIIIIIIIEE!!!

On lui parle (crie) jusqu’à la fin.

Elle est épuisée… ce n'est pas la Annie que je connais. Celle-là a 6 ans. La montagne l'a brisée. Elle est vidée.

Elle n'arrive pas à se hisser en haut du mur glissant.

J'EN PEUX PUUUUUUUUUUUS!!!!!

Elle le contourne... et franchit le fil d’arrivée en pleurant.

Nous aussi on pleure en la prenant dans nos bras. Elle pleure comme un enfant.

Elle nous raconte à quel point elle a eu froid... qu'elle a pensé mourir là-haut.
« Je ferai plus jamaaaaaaaiiiiiiis ççççççaaaaaa.... » (moi je ne la crois pas)


Au centre, la valeureuse Annie, première à la douche!

***
Les lèvres bleues, le corps tremblant, nous retournons vers la voiture... nous avons beaucoup de bouteilles de champagne à ouvrir.

C'est que, ce jour-là, la plus grande Spartiate d'entre nous brillait par son absence : Véronique avait donné naissance le matin même à son deuxième fils.

Darius Joe Edgar Jean-Louis Spartiate... Lefebvre.

J'imagine que c'est ça, naître sous une bonne étoile... 

Ma première course à obstacles (partie I)
Ma première course à obstacles (partie II) – les cordes

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